De nombreux membres de PLUS connaissaient Marcel Czermak depuis l’époque du G.I.E.P., une association antérieure à notre groupe, durant la seconde moitié des années 80. Dès lors, à intervalles réguliers, Marcel s’est rendu fréquemment au Chili, y apportant une psychanalyse vivante et rigoureuse.
Certains d’entre nous ont eu l’occasion de bénéficier de son enseignement tant au Chili qu’en France. Il a suscité notre intérêt, nous a convoqués, nous a incités à travailler, à nous rencontrer, à établir des liens de travail. C’est dans cet esprit qu’il nous a encouragés à organiser deux congrès internationaux dont nous savons qu’au-delà de leurs thèmes, assurément pertinents, il était attentifs aux liens de travail qui pouvaient y être créés et qui l’ont été.
Peut-être parce qu’il nous parlait souvent dans notre langue – avec quelques mots en portugais – parce qu’il partageait ses histoires, son humour ou sa colère lorsque quelque chose était traité sans la justice qu’il méritait, il nous faisait nous sentir si proches de lui. Dans d’autres occasions, il s’adressait à nous en français, parce que ce qu’il enseignait était vivant, ce faisant, il nous indiquait que la position du sujet n’est pas la même selon la langue dans laquelle il est parlé.
Ce sont les accents que Marcel nous a fait partager et qu’il nous a fait aimer, son questionnement constant sur ce qu’est la parole, le sens de l’acte, la psychiatrie classique, avec les syndromes de fausse reconnaissance, de Cotard, le transsexualisme, la manie, la paranoïa, son intérêt pour la construction d’une psychiatrie lacanienne, ce qu’est un fait clinique, le trait du cas, comment la clinique de la psychose éclaire la névrose, bref, des thèmes czermakiens, qui nous ont formés comme cliniciens.
Chaque fois qu’il venait, les journées de travail étaient intenses, longues, profitables. Nous sommes allés avec lui à l’université, à l’Institut français, à l’hôpital psychiatrique, à la bibliothèque nationale, à la bibliothèque de Santiago. Marcel était un travailleur infatigable. Le public affluait pour l’écouter. Il parlait régulièrement sans le support d’aucun texte, tout au plus quelques notes sur papier libre, en fumant et en remuant les mains. Il utilisait des métaphores de navigateur, racontait des anecdotes et même s’il y avait des sujets sur lesquels il revenait régulièrement, il semblait toujours réfléchir, élaborer ce qu’il transmettait. Outre le contenu, il était important pour lui de savoir d’où il abordait les choses, son point de vue était toujours nouveau, interrogatif.
Parallèlement à ces « sorties » où les questions cliniques et sociales étaient traitées en continuité, nous travaillions la plupart du temps en petit groupe chez nous, « entre nous », comme il aimait à le dire, Marcel s’y permettait parfois de faire certaines observations, respectueuses et précieuses, sur notre parcours théorique en tant que groupe, suggérant des pistes de travail ultérieur.
Dans ce contexte de petit groupe, nous avons eu l’occasion de le voir s’entretenir avec un patient et apprécier l’acuité clinique dont on nous avait parlé dans ses présentations ; nous avons vu à l’œuvre ce qu’il nous signalait parfois lorsqu’il faisait référence à la clinique : avec un gant de velours et un autre plus audacieux, il amenait le patient à un point crucial de l’interrogatoire, sur l’angoisse, en particulier.
Nous avons également partagé avec lui des moments de détente, des déjeuners, des dîners, des voyages à Valparaíso et nous l’avons aidé dans l’organisation de ses excursions au Chili, en particulier au désert d’Atacama qu’il aimait tant. La dimension de l’amitié y était toujours présente, vivante.
Marcel était avec nous un homme d’une grande générosité. Il nous a apporté son enseignement, il nous a fait partager sa passion pour la clinique, il nous a fait découvrir la série Les Jardin de l’Asile, qui a animé notre séminaire clinique pendant des années, il nous a fait rencontrer des collègues qui se sont formés avec lui et avec lesquels nous sommes toujours en contact, avec lesquels nous organisons un colloque pour lui rendre hommage, en travaillant bien sûr.
Aujourd’hui, un sentiment paradoxal nous laisse avec la tristesse de son départ et la chance comme la reconnaissance d’avoir connu cet homme exceptionnel. Notre souhait est de continuer à connaître son œuvre et de la transmettre à d’autres, nous pensons que c’est la meilleure façon de lui rendre hommage.
Merci beaucoup Marcel !
Muchos miembros de PLUS conocimos a Marcel Czermak desde los tiempos del G.I.E.P, asociación anterior a nuestro grupo, durante la segunda mitad de los 80’. De ahí en adelante, con algunos intervalos, Marcel viajó regularmente a Chile, trayendo un psicoanálisis vivo y riguroso.
Algunos de nosotros tuvimos oportunidad de beneficiarnos de su enseñanza tanto en Chile como en Francia. Él suscitaba nuestro interés, nos convocaba, nos estimulaba a trabajar, a reunirnos, a establecer lazos de trabajo. Con ese ánimo nos alentó a realizar dos congresos internacionales en el que sabemos que más allá de los temas, que por cierto eran relevantes, a él le interesaban los vínculos de trabajo que se podrían generar y que se generaron.
Tal vez porque muchas veces nos hablaba en nuestro idioma, con algunas palabras en portugués, porque compartía sus historias, su humor o su enojo cuando algo se trataba sin la justeza que merecía, nos hacía sentirlo tan cercano. Otras veces se dirigía a nosotros en francés, pues lo que enseñaba estaba vivo en él, entonces, haciendo, nos transmitía que la posición del sujeto no es la misma según la lengua en la que se habla.
Eran los acentos de Marcel que nos compartió y nos hizo amar; su interrogación constante por lo que es hablar, el punto del acto, la psiquiatría clásica, con los síndromes de falso reconocimiento, el Cotard, el transexualismo, la manía, la paranoia, su interés por construir una psiquiatría lacaniana, lo que es un hecho clínico, el rasgo del caso, cómo la clínica de la psicosis ilumina las neurosis, en fin, temas czermakianos que nos han formado como clínicos.
Cada vez que venía las jornadas de trabajo eran intensas, extensas, provechosas. Fuimos con él a la universidad, al Instituto Francés, al Hospital Psiquiátrico, a la Biblioteca Nacional, La Biblioteca de Santiago. Marcel era un trabajador infatigable. El público acudía numeroso a escucharlo. Él hablaba regularmente sin apoyo en ningún texto, a lo más tenía algunas notas en un papel suelto, fumando y moviendo sus manos. Hacía sus metáforas de navegante, contaba sus anécdotas y aun cuando había temas sobre los que regularmente volvía, parecía siempre estar pensando, elaborando lo que transmitía. Además del contenido, para él era importante desde dónde se abordaban las cosas, su perspectiva era siempre novedosa, cuestionadora.
Junto con estas “salidas” donde se abordaban en continuidad temas clínicos y sociales, la mayor parte del tiempo trabajamos en un pequeño grupo en nuestro local, “entre nosotros”, como a él le gustaba decir, donde Marcel se permitió algunas veces hacernos ciertas observaciones, respetuosas y preciosas, sobre nuestro recorrido teórico como grupo, sugiriendo líneas para seguir trabajando.
En este último contexto, de pequeño grupo, tuvimos oportunidad de verlo entrevistar un paciente y apreciar la agudeza clínica de la que nos contaban en sus presentaciones de enfermo; vimos en obra lo que algunas veces nos señalaba cuando se refería a la clínica: con un guante de terciopelo y otro más audaz, llevó al paciente a un punto de interrogación crucial, sobre la angustia, por cierto.
También compartimos con él momentos de esparcimiento, almuerzos, cenas, viajes a Valparaíso, organizaciones de sus paseos por Chile, la dimensión de la amistad estuvo siempre presente, viva.
Marcel fue un hombre generoso con nosotros. Nos trajo su enseñanza, nos compartió su pasión por la clínica, nos presentó la serie Les Jardin de l’Asile, que ha animado nuestro seminario clínico por años, nos presentó colegas que se formaban con él y con los que seguimos en contacto, de hecho, con ellos estamos organizando unas jornadas para homenajearlo, trabajando por supuesto.
Hoy tenemos el sentimiento paradojal que nos deja la tristeza de su partida y lo afortunados y agradecidos que nos sentimos de haber conocido a este hombre excepcional. Nuestro interés es seguir conociendo su trabajo y transmitiéndolo a otros, pensamos que es la mejor manera de honrarlo.
¡Muchas gracias Marcel!