Discutant : Clément Fromentin, psychiatre et psychanalyste
SEMINAIRE DETAIL CLINIQUE ET CLINIQUE DU DETAIL
Séminaire conjoint de l’A.S.M. 13 et de l’École psychanalytique de Ste-Anne
Organisé par Nicolas Dissez, psychiatre, psychanalyste et Edouard Bertaud, psychologue clinicien, psychanalyste
La psychanalyse se donne comme éthique de privilégier les faits cliniques surprenants, inattendus, par rapport à toute théorie établie. Le lapsus, l’acte manqué ne surviennent-ils pas toujours à la surprise de chacun, y compris celle du praticien ? Freud savait ainsi remettre en cause un diagnostic qui paraissait assuré, à partir d’un seul détail – la fonction d’un « éclat brillant sur le nez » ou une confidence légère à une dame de compagnie – acceptant de prendre en compte ce dont nous ne voulons habituellement rien savoir, ce qu’usuellement nous refoulons.
L’attention au détail se révèle une qualité essentielle du praticien. Elle détermine une modalité renouvelée de ce que Freud appelle l’écoute flottante, certains détails n’apparaissant qu’à la faveur d’un détachement, d’une prise de distance avec notre appréhension habituelle du monde. Le détail opère bien une découpe dans celui-ci (dé-tailler dit l’étymologie du terme) et sait isoler la cause même des phénomènes, autour duquel s’ordonne tout le cas. L’analyse personnelle permettrait-elle alors d’acquérir le goût du détail ? Une clinique du détail pourrait-elle permettre d’enrichir la nosographie d’entités nouvelles ?
Cette notion essentielle – mais souvent négligée – a toutefois été beaucoup plus étudiée par les écrivains, les historiens de l’art, les cinéastes, les lecteurs des textes sacrés, voire les forces de police, ce pourquoi les praticiens ont beaucoup à apprendre de leurs travaux. Dieu, dit-on, git dans les détails mais, souligne Nietzsche, le diable tout autant.
Il s’agira donc, au fil des rencontres proposées par ce séminaire, d’aller à la recherche de ce secret tapi au cœur du détail.