Le trait du cas de l’enfant
Corinne Tyszler
Le trait du cas chez l’enfant ne saurait se superposer à celui de l’adulte. Si le matériel commun en est le recueil minutieux du verbatim, ce dernier n’est pas aisé à retranscrire chez les petits patients. Cela nécessite un travail de groupe où au moins deux praticiens vont s’atteler à prendre en note ce que dit l’enfant comme les interventions de celle ou celui qui mène l’entretien. Notre collègue Eva-Marie Golder a su étoffer cette discipline avec rigueur.
Il y a là, comme avec l’adulte, des traits qui vont surgir dans l’après coup de la lecture comme de l’écoute, détails passés inaperçus la première fois, venant donner une touche singulière et inusitée au tableau clinique.
Là s’arrête le point commun avec la pratique adulte. En effet, le trait du cas ne recouvre pas, la plupart du temps, celui de la structure chère à Lacan que Marcel Czermak a prolongée tout au long de son enseignement. L’enfant est en devenir, et nous ne pouvons pas figer une fois pour toute sa subjectivité par un diagnostic de structure. C’est ici qu’intervient la notion de processus. La clinique avec les enfants nous pousse à ne pas systématiquement établir une continuité entre des phénomènes d’allure psychotique repérés dans l’enfance et une organisation structurale à l’âge adulte: il convient de distinguer le repérage et l’organisation de la structures; le terme de « psychoses non décidées » paraît ici essentiel.
Le transfert est bien évidemment à l’œuvre dans les « traits du cas », et son maniement prudent permettra ou non de faire surgir ces traits, comme ce qui fait suppléance. Une remarque s’impose ici pour préciser, comme Marc Darmon a pu excellemment l’indiquer, que la clinique de l’enfant est celle de la tresse. Cela rend compte de la possibilité d’induire des aspects « correctifs » grâce à l’incorporation des différents transferts mis en œuvre auprès de l’enfant. Des manifestations de stéréotypie peuvent ainsi conduire à certaines formes de duplicité sans toutefois être du côté de la division subjective. D’autres exemples mettent en relief comment par le biais des transferts s’introduit une discontinuité dans l’espace permettant que se construise un bord où s’accouder…
Le trait du cas chez l’enfant est une contrée où toute une casuistique est en attente d’une nomination, intraduisible, comme a pu l’écrire Barbara Cassin, au sens de ce qui ne cesse pas de s’écrire.