Un enseignement



C’est avec amitié et respect que nous avions rassemblé, il y a quelques mois, Nicolas Dissez, Gérard Pommier et moi-même, les travaux récents de l’École psychanalytique de Sainte-Anne pour la revue « La clinique lacanienne ». Marcel Czermak nous avait donné son accord affectueux et avait même choisi l’image de couverture.
Le numéro était chez l’imprimeur quand nous avons appris sa mort. Notre éditeur a obtenu que nous puissions insérer quelques lignes et photos dans ce dossier, hommage à une parole qui s’interrompt aujourd’hui brutalement.
Un hommage n’est pas sans contrastes : On pourra lire des questionnements et des avancées cliniques, en particulier sur la psychose, au plus vif de discussions.
Le charisme de Marcel Czermak n’excluait pas, chez lui, une parole tranchante qui déroutait certains de ses élèves. Mais devrait-on, par la force du transfert prendre l’analyste qui enseigne, pour un oracle ? D’ailleurs, à l’École de Sainte-Anne, les controverses allaient bon train.
De ce bateau solide Marcel Czermak tenait la barre, avec rigueur, avec rudesse parfois, jusqu’au moment où son rire généreux éclatait pour dire, reprenant l’humour de Freud à propos du président Schreber, que nous étions souvent, non pas fichus, mais « fichus à la six quatre deux » … Comique douloureux de ces moments de perte essentiels à la découverte freudienne de l’inconscient, comique rigoureux des scansions lacaniennes dans le verbatim des présentations de malades. Marcel Czermak, qui parlait joyeusement beaucoup de langues, enseignait passionnément à lire.
Merci à lui.