Notre première rencontre avec Marcel Czermak a eu lieu ici à Rio de Janeiro, à la fin des années 90. Nous travaillions sur ce qui était vraiment une formation analytique et la première question que nous lui avons posée était pourquoi est-il nécessaire de faire une formation dans une institution.
Sa réponse a été et reste la base de notre travail : le transfert est la première institution, a-t-il déclaré. Cette formulation a tracé les multiples directions qui ont pris sa transmission dans notre cité, transmission indissociable de l’inexorabilité du discours du maître comme des propres lois du langage, nécessaires à la possibilité même du discours analytique.
Transmission qui a profondément marqué d’innombrables analystes de notre ville, avec toutes les possibilités et les apories qu’elle a rencontrées dans notre culture. Il est venu en tant que Brésilien aussi, pas en tant que colonisateur. Il a connu le Brésil en profondeur – il a habité ici pendant son enfance – et il connaissait bien les Brésiliens et notre culture. D’ailleurs, il nous parlait dans notre langue.
Dès lors, il y a eu de nombreuses rencontres de travail et de vie, dans nos maisons et dans la sienne à Paris. Beaucoup de ses mots et concepts nous ont formés, dans ces rencontres et également dans ses textes que nous publiions en portugais. Avec son style unique, sa présence, son positionnement éthique et la figure humaine débordante qui, maintenant, nous manquent beaucoup et nous laissent une grande perte. Comme il l’a dit, la psychanalyse n’arrive pas à donner du courage à ceux qui n’en ont pas – et on peut dire qu’on lui doit, pourtant, assez de celui qui peut nous habiter un peu.