Par Edouard Bertaud
éditorial du Journal de Bord n°2
Marcel Czermak l’évoque dans notre nouveau numéro du Journal de Bord, tout comme Jean-Jacques Tyszler nous parlait des « inventions de psychiatrie lacanienne ». D’aucuns penseront que nous ne sommes pas loin de dériver à oser adosser à la psychiatrie cet adjectif – dérivé, justement – du nom propre.
Lacan a rappelé cette particularité du nom propre à pouvoir s’employer au pluriel, verbalement, ou en fonction d’adjectif. La psychiatrie, de son côté, n’a jamais hésité à s’appuyer sur d’autres champs que le sien, la philosophie notamment, pour soutenir sa doctrine, qu’il s’agisse du jacksonisme chez Henri Ey, de la lecture de Bergson par Minkowski ou du traité de Pinel dit « médico-philosophique sur l’aliénation mentale ».
Cette dérivation, lacanienne, de la psychiatrie n’a de sens qu’à vouloir amarrer la psychanalyse, si souvent présentée par Lacan dans sa position extraterritoriale, incapable – comme il est dit dans les « variantes de la cure type » – de faire valoir ses propres critères au-dehors d’elle-même. Il s’agit de savoir si une psychiatrie qui se soutiendrait d’une théorie de l’objet a – seule invention de Lacan comme celui se plaisait à le souligner – pourrait dès lors être nommée lacanienne.
Si, comme on le lit dans le séminaire II, « c’est par la nomination que l’homme fait subsister les objets dans une certaine consistance », il s’agit alors pour nous de tenter de tirer les conséquences pour la psychiatrie de ses apports lacaniens.